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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/404

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Essais.

que son existence, la proposition qui affirme qu’il n’existe pas, n’est pas moins concevable, ni moins intelligible, que celle qui nous dit qu’il existe. Le cas est tout autre par rapport aux sciences proprement ainsi nommées : toute proportion fausse y est une proposition confuse & inintelligible. Si vous dites que la racine cube de soixante-quatre est égale à la moitié de dix, vous n’avancez pas seulement une fausseté, mais encore une chose qui ne peut être conçue distinctement. Au lieu qu’en disant que César, ou l’Ange Gabriel, ou tel être que vous voulez, n’a jamais existé, il peut que vous disiez faux ; mais ce que vous dites n’implique point contradiction, c’est une proposition parfaitement concevable.

L’existence d’un être ne peut donc se prouver par des argumens pris des causes ou des effets de cet être ; & ces argumens ne sont fondés que sur l’expérience. En raisonnant à priori, il nous paroîtra que toute chose peut produire toute chose : la chûte d’un caillou peut éteindre le soleil ; au moins ne sommes-nous pas sûrs du contraire, & la volonté de l’homme peut ar-