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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/420

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Les quatre.

état pitoyable, dans lequel ta vie seroit partagée entre le sommeil & la migraine[1]. Vive image cependant de l’hypocondrie léthargique où ton esprit se trouveroit plongé, si les objets de dehors cessoient de l’occuper & de l’amuser !

Ne me retenez donc plus dans les chaînes de ce dur esclavage. Cessez de me renfermer au dedans de moi, comme dans une étroite prison. Conduisez-moi, sans différer, à ces biens, à ces plaisirs dont la seule jouissance peut me tenter. Mais à qui parlé-je ? Pourquoi m’adresser à vous, philosophes extravagans ? Pourquoi vous demander la route du bonheur, sages paîtris d’orgueil & d’ignorance ? Je vais consulter un oracle plus sûr, c’est la voix de mes penchans, c’est le cri de mes passions. C’est elle, & non vos frivoles écrits, qui peut m’instruire des préceptes de la nature ; c’est dans mon coeur, & non dans vos fastidieuses écoles, que je trouverai la route de la félicité.

  1. Il y a dans l’original ces deux vers.

    What folish figure must it make ?
    Do nothing else but sleep and ake.