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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/438

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Les quatre.

n’en cherche pas moins cette même félicité que l’industrie & les arts peuvent nous procurer. Mais autant que l’homme sauvage est au-dessous de l’homme civilisé, qui jouit, sous la protection des loix, de toutes les commodités de la vie, autant ce dernier est-il au-dessous de l’homme vertueux, de ce vrai sage, que la raison instruit à régler ses desirs, à subjuguer ses passions, à discerner les véritables biens de ceux qui n’en ont que l’apparence. Toutes les professions, tous les états, demandent de l’art & un apprentissage ; & n’y auroit-il pas un art de vivre ? N’y auroit-il pas des préceptes propres à nous diriger dans la chose la plus importante ? Pour bien goûter chaque plaisir en particulier, il faut de l’adresse & du savoir-faire, & l’on veut que l’homme tout entier puisse atteindre le but de son être, sans réflexion & sans intelligence, en ne suivant que ses passions & un aveugle instinct. Si cela étoit, nous ne verrions assurément personne s’égarer de la route du bonheur ; les hommes les plus négligens, ou les plus dissolus, y parviendroient les premiers : leur marche seroit aussi sûre que celle