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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/443

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Philosophes.

trouble votre sommeil, qui vous effraie dans vos songes, & qui répand une noire vapeur sur vos banquets les plus délicieux & les plus enjoués.

Loin de la fureur des élémens, & de la rage des hommes, le temple de la sagesse est assis sur une roc inébranlable : la foudre tombe sans force à ses pieds ; & ces affreux instrumens des vengeances humaines, émules de la foudre, & même plus terribles qu’elle, n’y sauroient atteindre. Là le sage, respirant un air pur & serein, contemple, avec une joie mêlée de compassion, les déplorables égaremens des aveugles mortels : il les voit chercher, les yeux bandés, le chemin de la vie heureuse, courir après les richesses, la puissance, les titres, les honneurs ; vains fantômes que leur imagination éblouie prend pour des réalités. Les uns (& c’est le plus grand nombre) ne parviennent jamais au terme de leurs desirs. Hélas ! s’écrient d’un ton lamentable les autres, nous possédions l’objet de nos vœux ; fortune ennemie, tu nous l’as ravi ! Tous ensemble se plaignent