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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/444

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Les quatre.

qu’au fort même de la jouissance ils n’ont point connu le bonheur ; & que leur vie dissipée n’a fait qu’augmenter leurs souffrances.

Mais le sage demeurera-t-il dans une tranquille indifférence ? Se contentera-t-il de déplorer les miseres du genre humain, sans s’employer à les secourir ? Se livrera-t-il, sans réserve, à cette austere philosophie qui en apparence le met au-dessus de tous les accidens, mais qui en effet lui rend le cœur dur, l’empêche de travailler au bien de ses semblables, & aux intérêts de la société ? Non. Il fait que cette sombre Apathie ne s’accorda jamais, ni avec la vraie sagesse, ni avec la vraie félicité. Le puissant attrait des affections sociales, de ces affections si naturelles, si vertueuses, si douces, agit avec trop de force sur lui, pour qu’il puisse se roidir contre elles. Dans le tems même où il n’a que des larmes à donner au malheur de ses amis, de sa patrie, de genre humain ; il goûte déjà un plaisir infiniment supérieur à tous ces ravissemens