Aller au contenu

Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/447

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
171
Philosophes.

ce pere nageant dans la joie que lui cause la prospérité de ses enfans, & encore plus leur vertu ! Sont-ils menacés de quelque péril ? Regardez comment, à travers le fer & les flammes, il vole à leur secours !

Plus on épure ces généreux penchans, plus on est frappé de leur prix. Y a-t-il rien au-dessus de cette harmonie des esprits, de cette amitié fondée sur la reconnoissance & sur l’estime mutuelle ? Quelle satisfaction de pouvoir adoucir la détresse des misérables, verser la consolation dans les âmes affligées, relever ceux qui ont fait quelque chûte, mettre des bornes aux rigueurs d’un sort impitoyable, réprimer les injustes efforts des scélérats acharnés à la persécution & à la ruine des gens de bien ? Quelle suprême béatitude de pouvoir triompher, en même-tems, de la misere & du vice, en instruisant des créatures semblables à nous par de sages leçons & par de bons exemples, en leur apprenant l’art de dompter leurs passions, de réformer leur conduite, de soumettre les plus dangereux de tous leurs ennemis, ceux