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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/450

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Les quatre.

chés de ses attraits, vous ne vous informeriez point de sa dot. Sachez cependant que la nature a condescendu à votre foiblesse. Non, elle n’a point laissé nue & pauvre cette fille si tendrement chérie ; elle l’a comblée des biens les plus précieux : mais, de peur de ne lui attirer que des amans intéressés, elle cache aux yeux vulgaires les trésors dont elle l’a enrichie ; elle ne les fait briller qu’aux regards de ceux que son amour a déjà captivés. La gloire est le partage assuré à la vertu, la douce récompense des travaux honnêtes, la couronne triomphale qui orne également le front tranquille de citoyen généreux, & le front terrible du guerrier intrépide. Enflammé par de si grandes espérances, l’homme vertueux voit, avec un œil de mépris, tout ce que la volupté a de plus séduisant, tout ce que le danger a de plus redoutable. Le trépas même n’a rien qui puisse l’épouvanter : l’arrêt du destin ne s’étend que sur une partie de son être ; il fait que son nom bravera le tems & la mort ; & qu’au fort du choc des élémens, au milieu des vicissitudes du monde,