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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/454

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Les quatre.

source que les plaisirs ignobles des sens, ou qu’elle ne se repaît que de la fumée des applaudissemens vulgaires ? La Divinité est un océan de gloire & de bonheur ; nos âmes sont de petits ruisseaux, qui, malgré leurs écarts, à travers tant de routes tortueuses, cherchent continuellement à retourner à la source dont elles sont émanées, & à se perdre dans l’immensité de ses perfections. Lorsque, semblables à des digues, le vice & la folie arrêtent leur course naturelle, ces ruisseaux s’enflent, & devenus des torrens furieux, ils vont porter la terreur & la désolation dans les campagnes voisines.

C’est en vain que chacun fait l’éloge de ses penchans, de ses mœurs, & de sa façon de vivre : c’est en vain qu’il déploie la rhétorique la plus séduisante pour inspirer son goût à de crédules auditeurs. La contenance du panégyriste est démentie par son propre coeur : au milieu de ses succès & de ses bonnes fortunes, il sent le vuide & le néant de tous ces plaisirs qui ne font que le détourner du souverain bien. J’examine le voluptueux avant la jouissance : je mesure l’impétuosité de ses desirs, & je la compare à la valeur de