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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/461

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Philosophes.

LE SCEPTIQUE.

Je me suis défié, de bonne heure, de toutes les décisions des philosophes : & je me suis toujours senti plus de penchant à disputer sur leurs dogmes qu’à les embrasser. Il y a une méprise où ils me paroissent tomber tous sans exception, c’est de trop resserrer leurs principes, & de ne tenir aucun compte de cette variété que la nature affecte si fort dans toutes ses productions. Un philosophe s’attache à un principe favori, qui lui fournit quelques bonnes explications ; aussi-tôt il veut y soumettre tout l’univers, & y réduire tous les phénomenes ; ce qui le jette dans des raisonnemens forcés, & dans des absurdités sans nombre. Son étroite capacité ne lui permettant pas de porter sa vue fort loin, il s’imagine que la nature est aussi bornée dans ses ouvrages qu’il l’est lui-même dans ses spéculations.

Cette foiblesse se manifeste sur-tout dans