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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/463

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Philosophes.

de la changer contre celle de son voisin ? Ne sentent-ils pas, en eux-mêmes, les effets de cette variété ? Souvent ce qui leur plaît un jour, leur déplaît le lendemain ; quelques efforts qu’ils fassent, il n’est pas en leur pouvoir de rappeler leurs inclinations passées, & de faire revivre leur ancien goût pour des objets qui actuellement leur paroissent indifférens ou désagréables. Que signifient donc ces préférences générales & absolues ? Celui-ci se plaît dans le tumulte des villes, celui-là fait l’éloge de la tranquillité champêtre : l’un aime la vie active, l’autre la vie voluptueuse, un troisieme la vie retirée. Que s’ensuit-il ? Que les goûts sont différens. D’ailleurs chacun peut se convaincre par expérience que tous ces divers genres de vie ont, tour à tour, leur agrément ; & qu’il n’y en a aucun dont un homme judicieux, qui sait les mêler & les varier à propos, ne puisse tirer parti.

Mais faudra t-il donc remettre la chose au hasard ? Faudra-t-il, lorsqu’il s’agit de choisir un genre de vie, ne prendre conseil que de son caprice, ne jamais demander à la raison