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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/471

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Philosophes.

contemple des objets qu’elle croit réels, sans y rien ajouter, & sans en rien retrancher. En examinant le systême de Ptolomée, ou celui de Copernic, je n’ai d’autre but que de connoître la vraie situation des planetes, & de tracer dans mon esprit les mêmes relations que ces corps gardent entr’eux dans le firmament. Cette opération de mon entendement se rapporte donc toujours à un archétype réel, quoique souvent inconnu : le vrai & le faux qui se trouve, à cet égard, dans mes idées, est invariable, & ne dépend en aucune maniere de l’opinion d’autrui. Je suppose que tout le genre humain s’accorde à faire tourner le soleil autour de la terre, & à croire que celle-ci demeure immobile dans le centre de l’univers ; tous les argumens qu’on accumule pour prouver le mouvement de soleil, ne le font pas avancer d’une ligne ; ces argumens sont erronés & faux de toute éternité.

Il en est tout autrement des qualifications de beau & de laid, d’aimable & de révoltant. Ici l’esprit ne se borne pas à la simple vue des objets, tels qu’ils sont en eux-mêmes ; cette