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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/473

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Philosophes.

l’occasionne, est bien marquée. Tout le monde reconnoît que la gloire, la grandeur, la vengeance, ne sont pas des choses désirables par elles-mêmes ; & que la passion qui nous y porte fait tout leur prix. Mais on raisonne tout autrement lorsqu’il s’agit de la beauté, soit naturelle, soit morale. Alors on ne veut plus attribuer au sentiment les qualités qui plaisent ; on les transporte dans les objets. Cette erreur vient de ce que le sentiment n’est pas assez tumultueux pour se distinguer, avec force, de la perception qui l’excite.

Un moment de réflexion suffit pour nous désabuser. N’est-il pas vrai que l’on peut avoir une connoissance exacte de tous les cercles & de toutes les ellipses qui entrent dans la représentation du systême de Copernic, & de toutes ces spirales irrégulieres dont on fait usage dans celui de Ptolomée, sans que cette connoissance nous fasse appercevoir plus de beauté dans le premier que dans le second ? Euclide a démontré, à la rigueur, toutes les propriétés du cercle ; mais nous ne trouvons point de proposition dans ses élémens