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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/495

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Philosophes.

d’une utilité admirable pour des exilés ; mais que seroit-ce, s’ils étoient goûtés d’un homme placé à la tête de l’état ? Je craindrois qu’ils n’étouffassent en lui tout amour de la patrie. Ou bien seroit-ce là de ces drogues de charlatan, également bonnes contre la dysurie, & contre le diabetes ?

Supposons une intelligence supérieure ; enfermée dans un corps tel que le nôtre, & placée ici bas ; la vie humaine lui paroîtra assurément une chose bien petite & bien puérile : à peine pourra-t-elle se résoudre à regarder autour d’elle : & sans doute il seroit bien plus difficile de l’engager à jouer le rôle de Philippe avec attention, que de porter ce même Philippe, après cinquante ans de regne & de conquêtes, à s’acquitter, de bonne grâce, des nobles occupations de savetier, dont Lucien le charge dans les enfers. Or, tout le dédain pour la vie que nous pouvons supposer à cet être imaginaire, se réalise souvent dans le philosophe ; mais cet état est trop peu naturel, pour qu’il en résulte une assiette fixe dans son esprit ; & après tout il n’a pas fait l’expérience d’une