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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/496

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Les quatre.

meilleure vie. Il voit donc la frivolité des choses humaines ; mais il ne la sent pas : il est sage, & ses spéculations sont sublimes ; dans toutes les occasions où il n’en est pas besoin, je veux dire, aussi long-tems qu’il n’a point de passions à combattre. Tant qu’il se contente de voir jouer les autres, il s’étonne de leur hardiesse & de leur ardeur ; mais il n’a pas plutôt mis son enjeu, qu’on lui voit les mêmes transports & les mêmes convulsions qu’il venoit de condamner comme spectateur.

Les livres des philosophes nous présentent deux sortes de réflexions, qui sembleroient devoir produire de grands effets, d’autant plus qu’elles sont tirées de la vie commune, & qu’il n’y a personne qui ne soit à portée de les faire. Et d’abord, si nous pensons à la briéveté & à l’incertitude de nos jours ; est-ce bien la peine de se tant tracasser pour parvenir au bonheur ? Je veux que nous embrassions de plus vastes plans, & que nous formions de généreux projets pour la postérité ; ces plans & ces projets ne sont-ils pas encore des choses bien frivoles, si nous réfléchissons