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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/73

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Philosophiques.

tous ceux qui se disent savans Philosophes ne doivent-ils pas trouver l’ignorance de ces choses infiniment plus méprisable encore ?

Enfin, nous ne saurions soupçonner cette science d’être entièrement incertaine & chimérique, sans donner dans un scepticisme qui détruiroit en même tems toute spéculation & toute pratique. L’ame, ( on n’en sauroit douter, ) a des facultés tout-à-fait différentes les unes des autres : les choses que nous appercevons comme réellement distinctes, peuvent être distinguées par la réflexion ; il y a par conséquent de vrai & de faux dans les propositions qui les concernent, je dis un vrai & un faux, qui ne passent point les bornes de notre compréhension. Plusieurs de ces distinctions sautent aux yeux de tout le monde, par exemple, celle qui est entre la volonté & l’entendement, ou celle qui est entre l’imagination & les passions, il n’y a point d’homme qui ne puisse les saisir : les autres, pour être plus fines & plus philosophiques, n’en sont pas moins réelles ni moins certaines ; seulement elles