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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/81

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Philosophiques.


SECOND ESSAI.

Sur l’origine des idées.


Qu’un homme sente l’incommodité que cause une chaleur excessive, ou le plaisir qui naît d’une chaleur tempérée ; que le même homme se rappelle les sentimens après coup, ou qu’il les imagine d’avance : tout le monde tombera d’accord qu’il y a une différence considérable entre ces deux façons d’appercevoir. La mémoire peut retracer les perceptions sensibles, l’imagination peut les imiter ; mais ni l’une ni l’autre ne sauroit atteindre au degré de force de vivacité de la sensation primordiale. Lorsque ces facultés agissent le plus efficacement, on dit tout au plus, qu’on croiroit presque voir ou toucher les objets qu’elles représentent, mais jamais cela n’ira au point de faire confondre entièrement ces deux sortes de perceptions, à moins que l’ame ne soit mise hors de son assiette par une maladie ou par un dérangement de cerveau. Le coloris