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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 1, 1788.djvu/86

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Essais.

exacte, on ramené à cette origine les idées même qui d’abord en paroissent les plus éloignées : telle est l’idée de Dieu, c’est-à-dire, d’un être dont l’intelligence, la sagesse, & la bonté sont infinies ; elle nous vient en réfléchissant sur les opérations de notre ame, & en donnant une étendue illimitée aux qualités de sagesse de bienfaisance que nous remarquons en nous. Qu’on pousse cet examen jusqu’où l’on voudra ; on trouve toujours que chaque idée vient d’une impression correspondante. Si quelqu’un doute de l’universalité de notre proposition, nous avons un moyen aisé de le convaincre : qu’il produise sa prétendue exception, je veux dire, l’idée qui selon lui ne dérive point de la source indiquée ; ce sera à nous de maintenir notre doctrine en produisant l’impression qui lui correspond.

En second lieu, lorsqu’il arrive, par un défaut dans les organes, qu’un homme n’est pas susceptible d’une certaine espece de sensation, nous le trouvons toujours également privé des idées qui en naissent. C’est ainsi qu’un aveugle né n’a point la notion des couleurs,