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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/110

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Histoire naturelle.

la nature ne perd point ses droits : la pâle lueur qui nous éclaire dans ces régions sombres, n’égalera jamais la force des impressions que font sur nous l’expérience & le sens commun. Les actions démentent les discours ; elles font voir que dans ces sortes de sujets notre foi n’est qu’une opération inexplicable de l’entendement, placée entre la défiance & la conviction, mais plus voisine de la premiere.

Notre esprit paroît être d’une substance bien peu solide : si même de nos jours tant de gens qui ne cessent, pour ainsi dire, de faire agir sur lui le marteau & le burin, ne peuvent y graver des dogmes dont l’impression soit durable ; cela devoit être encore bien moins pratiquable dans les tems de l’antiquité, lorsque les personnes gagées pour exercer ces sortes de fonctions, étoient en beaucoup plus petit nombre : faut-il s’étonner que les hommes d’alors, n’étant frappés que de lueurs passageres, aient souvent paru incrédules & ennemis de la religion établie, sans l’être en effet, ou du moins sans savoir au juste ce qu’ils étoient.