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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/111

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De La Religion.

Une autre cause rendoit les anciennes religions plus vagues, & plus décousues que ne le sont les modernes : les premieres ne tenoient qu’à la tradition ; au lieu que les dernières sont consignées dans des écrits. Les traditions des vieux tems sont perplexes, contradictoires, & le plus souvent douteuses ; il n’étoit pas possible de les réduire à un canon fixe qui déterminât les articles qu’il falloit recevoir, semblables aux légendes, des catholiques. Les contes qu’on faisoit des dieux, étoient sans nombre : chacun en croyoit quelque chose ; personne ne pouvoit tout croire ; & cependant on ne pouvoit disconvenir que tout ne fût également bien ou mal fondé. Différentes villes & différens peuples débitoient souvent des traditions diamétralement opposées ; & il n’y avoit point de raison de préférer l’une à l’autre. On étoit accablé d’une infinité d’histoires, sur lesquelles la tradition n’apprenoit rien de positif ; & l’on passoit, par des nuances presque imperceptibles, des articles fondamentaux à ces fictions gratuites. La religion payenne disparoît comme un brouillard, aussi-tôt