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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/157

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De l’Histoire naturelle.

ils ignoroient celle de leur langue, & sur-tout ils ne savoient pas d’où ils tenoient les premiers germes de leur religion, les plus sages d’entr’eux soupçonnoient à peine qu’ils en fussent redevables à ces mêmes nations barbares, pour lesquelles ils marquoient tant de mépris. Platon a entrevu que bien de noms reçus en Grece étoient originairement des noms étrangers : & en effet tous ceux qui servent à désigner les divinités & les fêtes sont de ce genre : le fonds de l’histoire fabuleuse vient de l’Asie & de l’Egypte, dont les colonies ont peuplé les différentes provinces de la Grece. Mais les racines de ces mots barbares s’étant perdues par le laps de tems, & ces mots mêmes ayant été estropiés à la grecque, on leur a cherché des étymologies dans cette langue : cela est arrivé sur-tout à l’égard du langage religieux ; & Dieu fait les beaux contes que les philosophies, les prêtres, les poëtes, les fabulistes ont été obligés d’inventer pour trouver des étymologies, ou pour justifier celles qu’ils avoient forgées de leur propre autorité. C’est-là la vraie origine de la religion, &