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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/24

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Histoire naturelle.

par des raisonnemens tirés des merveilles de la nature, il n’étoit pas possible qu’ils abandonnassent jamais cette croyance pour se jeter dans l’idolâtrie ; Les mêmes principes qui auroient produit & répandu parmi les hommes cette brillante opinion, devoient encore plus aisément la conserver. Il est infiniment plus difficile de découvrir & de prouver une vérité, que de la maintenir lorsqu’elle est découverte & prouvée.

Il y a une grande différence entre les faits historiques & les sentimens de spéculation ; ces deux sortes de connoissances ne se répandent pas par la même voie. Les faits historiques qui, transmis par les témoins oculaires, & par leurs contemporains, passent de bouche en bouche à la postérité, sont défigurés à chaque nouveau récit ; il peut arriver au bout d’un certain tems qu’ils ne se ressemblent presque plus, ou même qu’ils deviennent tout-à-fait méconnoissables. La foiblesse de notre mémoire, le plaisir que les hommes trouvent à exagérer, leur molle nonchalance, tout cela, dis-je, contribue aux altérations des événements qui ne sont point con-