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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/25

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De La Religion.

servés par écrit. Le raisonnement, n’ayant point de prise, ou n’en ayant que fort peu sur ces sortes de matieres, ne sauroit y rappeler la vérité lorsqu’une fois elle s’en est éclipsée. C’est ainsi que l’on suppose que les fables d’Hercule, de Thésée, & de Bacchus sont originairement fondées dans des histoires qui ont été corrompues par la tradition.

Le cas est différent par rapport aux opinions spéculatives. Si les argumens qui les prouvent sont assez clairs & assez à la portée commune pour convaincre tous les hommes, ils conserveront à ces opinions leur pureté primitive, partout où elles se seront répandues. Si ce sont des ârgumens abstrus qui surpassent la portée de vulgaire, les doctrines qui s’y appuyent ne seront connues que d’un petit nombre de personnes, & seront ensevelies dans l’oubli aussi-tôt que ces personnes cesseront de s’en occuper. Que des deux membres de ce dilemne on choisisse celui qu’on voudra, il paroîtra également impossible que la religion primitive de genre humain ait été un théïsme raisonné, dont la corruption eût