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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/67

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De La Religion.

Puisque donc dans les nations même qui embrassent le théïsme, le commun peuple ne fonde la croyance que sur des opinions déraisonnables & superstitieuses ; nous pouvons conclure que ce n’est point par voie d’argumentation qu’il parvient à cette doctrine, mais par une façon de penser plus assortissante à son génie & à sa capacité.

Il peut arriver qu’une nation idolâtre, du nombre des dieux qu’elle adore, en choisisse un, pour lui rendre un culte distingué  ; soit qu’elle s’imagine que dans le partage général son territoire a été soumis à la juridiction de ce dieu, soit que mesurant les choses célestes d’après les choses d’ici-bas, elle se figure qu’il y a un dieu qui regne sur les autres, en qualité de monarque ou de chef suprême, à-peu-près comme les rois, de la terre commandent à leurs sujets, qui sont hommes comme eux. Que ce dieu soit donc regardé comme protecteur particulier, ou comme souverain maître des cieux ; il importera également de se procurer sa bienveillance : il sera sans doute, comme les dieux terrestres, sensible à la louange & à la flatte-