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Page:Hume - Œuvres philosophiques, tome 3, 1788.djvu/68

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Histoire naturelle.

rie, il ne les lui faut donc point épargner ; & il faut outrer ses éloges de toute façon. Les hommes deviennent panégyristes & adulateurs, à mesure que la crainte les saisit ou que l’infortune les accable : un tel surpasse tous ces devanciers dans l’art d’enfler les titres de sa divinité ; ses successeurs renchériront sur lui : ils trouveront des épithetes plus nouvelles, plus rares, plus pompeuses : enfin ils en viennent jusqu’à l’infini, au-delà duquel on ne sauroit aller ; encore ne laissent-ils pas de le tenter ; pour l’amour de je ne sais quelle simplicité, ils se jettent souvent dans des mystere inexplicables, mystere qui détruisant la nature intelligente de leur dieu, renversent le seul fondement raisonnable de son culte. Tant qu’ils s’en tiennent à la notion d’un être parfait, qui a créé le monde, ils sont dans les principes avoués par la raison & par la saine philosophie ; mais ce n’est que par hasard ; ce n’est point la raison qui les y a conduits, ils sont, pour la plupart, incapables d’entendre sa voix ; ils y ont été entraînés par la flatterie & les frayeurs, qui accompagnent la plus basse superstition.