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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/134

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CERTAINS

affairées ou errent des multitudes qui trébuchent dans la nuit du jour, en hurlant de peur.

Luyken fut un maître dont la personnalité demeure invincible. Aucun n’a su, en effet, rendre mieux que lui le pullulement passionné des masses et plus clairement divulguer la parole ou le cri de la créature qui jaillit, toute vive, d’un dessin noir. Il n’est aucune de ses planches qui ne soit marquée à sa très spéciale étampe, alors même qu’il peint des intérieurs bourgeois, ainsi que dans « son ameublement instructif avec des sentences divines et des pensées édifiantes » [1], ou qu’il s’amuse à dessiner des batailles, que renouvela depuis Gustave Doré dans les vignettes des « Contes Drôlatiques, » des batailles où un chevalier coupe d’un revers d’épée un Sarrazin et son cheval, au milieu des feux d’artifice du sang qui gicle en jet d’eau du corps écarté, coupé en deux tranches que rejoignent encore un peu, tels que des lacets débridés, les fils dérangés des nerfs.

Puis il a su trouver un accent particulier,

  1. Het Leerzaam Huisraad, etc. — Te Amsterdam, by de Erven van f. Houttuyn, — in-18 — 1771.