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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/145

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LE MONSTRE

jabots papelonnés d’écaillés et bâillent, sans hostilité, les ailes rabattues, très lasses. Puis elles s’éloignent du type ancestral, se muent en de gigantesques perruches greffées de vautour et de coq, en de fabuleux volatiles piétés sur des pattes de lions et d’onces, hérissés de plumes découpées dans de courtes mailles qui simulent la cotte imbriquée des vieux Gaulois et les squammes relevés des poissons qu’on racle.

Ces oiseaux alternent avec toute une ménagerie de bêtes aux formes restées intactes, telles que le bœuf, l’éléphant, le pélican et l’aigle, qu’accompagnent des groupes de démons et de monstres : des lices à deux têtes, à mamelles de nourrices et à pieds de chats ; des béliers aux bras de lutteurs terminés en des ongles crochus comme des fers de gaffe ; des buffles aux bustes épilés sur lesquels brinqueballent des pis de femmes maigres ; des griffons aux yeux endormis et faux, et aux dents de morses ; des fauves à ventres et à mains d’hommes ; des boucs aux torses velus surmontés de faces au profil de chameau, aux cornes d’élan, aux yeux en cocarde, aux pieds bifurques tenant de la patte du marabout et de la bique.