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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/15

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DU DILETTANTISME

regardaient avec une admiration égale l’entrée des Croisés à Constantinople de Delacroix et les bouvières d’opérettes costumées par le Grévin de cabaret, par le Siraudin de banlieue, qu’était M. Lepage. Les rengaines sévissaient : « On admire le beau où qu’il se trouve. Parce que Delacroix fut un grand peintre, est-ce une raison pour que M. Bastien n’en soit pas un autre ? » Et personne, non, personne ne tressaillait devant cette ridicule familiarité d’un office et d’un salon, devant cet incroyable coudoiement d’un laquais et d’un maître !

Mais ces gens-là sont des inconscients. Froidement, ils se promenaient, jaugeant l’œuvre des deux peintres à laquelle ils adjoindront certainement, dans leurs besoins d’éloges, celles de Lobrichonne et d’Adrienne Marie, alors que la mort arrêtera enfin le flux des sentimentales vignettes dont ces industrieuses personnes nous inondent !

Lâcheté, ce mot s’applique à la critique d’art. De même que le critique littéraire qui en fait métier, le critique d’art est généralement un homme de lettres qui n’a pu produire de son propre crû une véritable œuvre. Parmi eux, quelques-