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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/152

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CERTAINS

d’un pendu, il aboutit simplement au macabre. D’autre part, dans ses « Proverbes, » il a mainte fois mis en scène des sorcières et des démons, mais ils sont nantis sur des corps humains, d’oreilles de baudets et de pieds de boucs ; ils n’apportent donc pas une note originale dans le rituel interrompu des monstres. Une seule de ses eaux-fortes, en un coin de laquelle surgit un être dont la mâchoire est fendue en groin et dont le front arbore un œil énorme comme un fanal, pourrait évoquer maintenant des rêveries propices.

Quant à M. Ingres, il imagina un bon tocasson d’étain, alors qu’il peignit son Angélique ; depuis lors, les Japonais sont les seuls qui tentèrent de procréer réellement des monstres. Certaines figures d’Hokousaï, des femmes surtout, semblables à des fées pendues dans de la brume, avec des cheveux tombant en saule-pleureur sur des faces diminuées et pâles, ont des aspects de fantômes, réalisent des apparitions de spectres, mais elles ne constituent pas, à proprement parler, des monstres et, d’autre part, les chimères japonaises, en terre bariolée, avec leurs lèvres à retroussis, leurs yeux projetés tels que ceux des