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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/155

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LE MONSTRE

C’est ainsi qu’en un album, il a cherché la traduction de cette phrase de Flaubert, dans la Tentation de Saint- Antoine. « Et toutes sortes de bêtes effroyables surgissent. »

Dans un ciel d’un noir permanent et profond, des êtres liquides et phosphoreux, des vésicules et des bacilles, des corpuscules cernés de poils, des capsules plantées de cils, des glandes aqueuses et velues volent sans ailes et s’enchevêtrent dans les rubans des trichines et des taenias ; il semble que toute la faune des vers filaridés, que toutes les peuplades des parasites fourmillent en la nuit de cette planche dans laquelle apparaît subitement la face humaine, inachevée, brandie au bout de ces vivantes spires ou enfoncée comme un noyau dans la gélatine animée des protoplasmes.

M. Redon a dû, en effet, recourir aux anciens concepts, marier l’horreur du visage de l’homme aux hideurs enroulées des chenilles, pour créer à nouveau le monstre.

Belluaire des infusoires devinés et des larves, il devait interpréter certaines phrases plus précises de la danse de la Luxure et de la Mort, dans la Tentation, celle-ci, par exemple :