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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/156

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CERTAINS

« C’est une tête de mort avec une couronne de roses ; elle domine un torse de femme d’une blancheur nacrée et, dessous, un linceul étoile fait comme une queue. Et tout le corps ondule à la manière d’un ver gigantesque qui se tiendrait debout. »

La lithographie qu’elle lui suggéra est une des plus redoutables que cet artiste ait faites.

Sur un noir imperméable, sourd, velouté de même que le noir de la chauve-souris, le monstre s’éclaire en blanc et gaufre la nuit de la forme cabrée du grand C.

La tête de mort au rictus agrandi, aux yeux pleins comme de pots de ténèbres, se renverse sur un buste de momie emmaillottée, les mains croisées sur une gorge en résine dure. De cette tête coiffée d’un long hennin à broderies, émane une sorte de grâce qui glace, alors que le monstre roidit sa croupe diaphane que rayent les oscillants anneaux en relief sous la peau froide.

Çà et là, des aspects perdus, de blanchâtres cocons épars dans l’ombre tremblent autour de cette effrayante image de la Luxure qui se fond, ainsi que le voulut le poète, en l’effigie de la Mort même.