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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/162

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CERTAINS

de ces ruines et d’envisager leur probable disparition, à deux points de vue : celui du Musée même et celui de l’architecture proprement dite.

Sans ambages, j’avouerai tout de suite que je n’attends rien d’utile de la création d’un tel musée ; d’abord parce que les objets qui le composeront seront pour la plupart apocryphes, les apostilles parlementaires devant forcément nous imposer l’acquisition d’un tas de pannes, ensuite parce que l’ignominieuse camelotte des pastiches lancés dans le commerce souillera pour jamais les modèles vraiment artistiques qu’un bienveillant hasard permettra peut-être de glisser dans le monceau de vieux toc dont l’achat nous menace.

Il en sera de cela comme des anciens fers forgés qu’une armée de lampistes reproduit sans trêve, comme des antiques cuivres dont les déplorables imitations emplissent les resserres du Bon Marché et du Louvre ; ce sera l’art japonais pour l’exportation, l’imprimerie sur faïence et sur étoffe, la cartonnerie des cuirs de Cordoue en papier-pâte, ce sera le luxe à bon compte, la pacotille qui dégoûte des originaux qu’elle simule, de même qu’un orgue de Bar-