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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/168

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CERTAINS

morte, un segment d’une Rome nabote, mangée de verdures et de fleurs.

À l’heure actuelle, et sans que le décor planté par le Temps soit parachevé, ce monument est le seul dans lequel la fantaisie du sol, si constamment réprimée par la voirie parisienne, existe. Ne serait-ce que pour ce motif, l’on devrait le garder ; — puis quel enseignement cette ruine nous révèle !

Depuis un siècle, l’architecture est un art perclus, toutes les bâtisses élevées le prouvent ; les combinaisons de la pierre semblent du reste épuisées et la ferronnerie qui lui succédera n’a pas encore trouvé sa forme. En attendant que cette forme, qui sera fatalement l’image d’une époque de mercantilisme et de hâte, éclose, ne pourrait-on présenter tel qu’un exemple à suivre la beauté acquise par le palais de la Cour des Comptes, depuis qu’une chance esthétique voulut qu’on le détruisît et qu’on le délaissât ?

Au lieu de donner à bâtir à des architectes des monuments qu’ils composent de bric et de broc, prenant ici un morceau de l’antiquité, là un bout moyen âge et raccordant le tout, tant bien que mal, ne vaudrait-il pas mieux les em-