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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/89

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FÉLICIEN ROPS

Rowlandson traita ces sujets avec un humour féroce, une gouaillerie débordante, une gaieté folle. Ses héros sont, en grande partie, des hussards qui fouettent, déculottés, le vent, et violent, à la bonne franquette, des filles étonnées de l’aubaine et se tordant éperdues de joie. Dans l’une de ses planches en couleur, c’est un surprenant vacarme de foules en rut : sur une place publique, une acrobate, nue, le ventre pareil à un giraumont, se casse en deux, à la renverse, dans un cerceau, au son d’un orgue. Des croisées s’ouvrent ; un Turc, assis en tailleur, fume sa pipe, la panse à l’air et demeure bredouille ; un vieux marquis, l’épée en verrouil sur des reins nus, se précède de formes écarlates et fuselées, tandis qu’un hussard en batterie s’extermine, qu’un docteur en Sorbonne s’ébahit et reste inerte, qu’une femme huchée sur la tête d’un homme qui souffle du cor, grimpe, les jupes retroussées, jusqu’aux fenêtres. C’est, dans une incohérence de réalisme, une gaieté débraillée de grosse noce marine, un rire gras qu’accélère la comique allure du vieux savant, dépourvu de gloire, et le constatant avec une rageuse moue et des yeux dépités qui mendient de patients secours.