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FÉLICIEN ROPS

interdit de voir, mauvaisement et bêtement réjouie par d’ingénieux et bas détails, la peinture ne se rendit pas compte qu’elle devait graviter comme l’humanité qui l’enfante, comme la terre même qui la porte, entre ces deux pôles : la Pureté et la Luxure, entre le ciel et l’enfer de l’art. Elle ne s’expliqua point que pour être suraiguë, toute œuvre devait être satanique ou mystique, qu’en dehors de ces points extrêmes, il n’y avait plus que des œuvres de climat tempéré, de purgatoire, des œuvres issues de sujets humains plus ou moins pleutres.

La Pureté, elle, a inspiré d’incomparables toiles ; elle a sublimé le talent des grands peintres chrétiens, les Fra-Angelico et les Gründwald, les Roger Van der Weyden et les Memlinc.

Elle est morte après le Moyen Age ; elle est maintenant inaccessible en art, ainsi que le sentiment divin dont elle émane, à des générations privées de foi.

La Luxure n’a enfanté, pour sa part, aucune œuvre qui soit réellement forte. Et il a fallu arriver jusqu’à notre temps pour trouver un artiste qui ait songé à explorer réellement ces