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Page:Huysmans - Certains, 1908.djvu/96

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CERTAINS

régions antarctiques inconnues à l’art. Adoptant le vieux concept du Moyen Age, que l’homme flotte entre le Bien et le Mal, se débat entre Dieu et le Diable, entre la Pureté qui est d’essence divine et la Luxure qui est le Démon même, M. Félicien Rops, avec une âme de Primitif à rebours, a accompli l’œuvre inverse de Memlinc ; il a pénétré, résumé le satanisme en d’admirables planches qui sont comme inventions, comme symboles, comme art incisif et nerveux, féroce et navré, vraiment uniques.

Mais, il faut bien le dire, M. Rops n’a pas atteint du premier coup à cette synthèse du Mal. Dans les agiles frontispices qu’il grava, jadis, pour les œuvres libertines réimprimées par Poulet-Malassis, à Bruxelles, il révèle simplement une verve railleuse et impie, une imagination bizarre et prompte.

Avec un esprit souligné parfois, il parachève des planches, tantôt élégantes et rubantées ainsi que celles du xviiie siècle — telles l’eau-forte qui précède le « Théâtre Gaillard » ou le « Point de Lendemain, » de Vivant Denon — tantôt il se résume en des allégories toutes personnelles, d’une liberté absolue d’allures. Parmi celles-là, on