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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/127

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il reçut, par excellence, le nom de grand hiver et, ajoute Thomas A Kempis, dans les fleuves devenus fermes tous les poissons périrent. Or cette saison de frimas, elle la vécut dans une pièce sans jour et sans air, privée de feu, vêtue simplement d’une de ces petites chemises de laine que tissaient pour elle les sœurs du tiers-ordre de saint-François, à Schiedam, et enveloppée d’une mauvaise couverture, alors que ses blessures et son hydropisie la rendaient, plus qu’une autre, sensible au froid.

Elle pleurait, la nuit, des larmes de sang qui se coagulaient sur ses joues et, le matin, il fallait détacher de son visage bleui et comme damassé par le gel, ces stalactites ; quant au reste du corps, il était quasi paralysé et ses pieds étaient si roides qu’on devait les frotter et les enrouler de linges chauds pour les ranimer.

Elle continuait cependant de vivre dans cet état pire que la mort ; et il n’y avait presque jamais un sou à la maison ! Les quelques personnes charitables qui l’avaient jusqu’alors aidée ne songeaient plus à la secourir ; elle en était réduite à ne même plus avoir de linge pour panser ses plaies ; elle serait littéralement morte de misère et de froid, si un franciscain du nom de Werembold, originaire de Gouda, qui fut, pendant plusieurs années, le recteur et le confesseur des sœurs tertiaires de sainte-Cécile d’Utrecht et le ministre général du tiers-ordre de saint-François, n’était venu la visiter.

Ils se connaissaient, l’un et l’autre, par une vision