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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/203

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Cette jeune fille tenta l’expérience, mais elle tomba sur une forcenée qui l’agonit d’injures, dès qu’elle voulut lui parler de ses défauts.

Cette malheureuse mourut quelques mois après qu’elle se fut attiré ces remontrances, et comme Lydwine priait pour elle, vous perdez votre temps, lui assura son ange, elle est dans l’abîme d’où l’on ne s’échappe pas.

Une mésaventure de ce genre advint à un sacerdote qui lui dit, un matin : je vous quitte, car il faut que j’aille célébrer la messe.

— Je vous le défends bien, proféra Lydwine.

— Vous me le défendez ! Je serais curieux, par exemple, de savoir pourquoi ?

— Avez-vous donc oublié le péché contre le VIe commandement que vous commîtes hier ?

Il demeura muet et confus.

La sainte ajouta : mettez ordre à vos affaires, car vous mourrez dans trois jours.

Il geignit de frayeur, la supplia d’intercéder pour que son existence se prolongeât.

— C’est impossible, répliqua-t-elle, car il y a trop longtemps que cela dure et la mesure est comble ; tout ce que je puis vous promettre, c’est de prier ardemment pour votre salut.

Le troisième jour, cet ecclésiastique se leva bien portant et il s’en fut, triomphant et un tantinet narquois, chez la malade.

— Eh bien, fit-il, ai-je la mine d’un homme qui va trépasser aujourd’hui ?