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Page:Huysmans - Sainte Lydwine de Schiedam (1912).djvu/204

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— Ne vous fiez pas à des apparences de santé ; à telle heure, vous ne serez plus, répartit Lydwine.

Et ce décès eut lieu, en effet, ainsi qu’elle l’avait prédit.

Une autre fois encore, elle déclara à une jeune fille folle de son corps, qu’il lui fallait au plus vite changer de vie. Celle-ci s’engagea à se corriger et ne tint pas sa parole. Bientôt après, elle enfla ; tout le monde la crut enceinte. — C’est une tumeur due à sa corruption, soupira Lydwine ; et la malheureuse expira, sans gésine, après de longues souffrances.

Si elle tançait les femmes et les hommes de la classe populaire ou moyenne, elle réprimandait avec une égale franchise, les grands ; la noblesse, la richesse la laissaient parfaitement indifférente et elle n’épargnait pas plus les princes que les bourgeois et les prêtres.

L’un d’eux, dont le nom ne nous a pas été conservé, vint d’un pays assez lointain pour l’entretenir d’un cas de conscience. Il se perdait en digressions, n’osait aborder carrément le chapitre de ses hontes, tournait, comme on dit vulgairement, autour du pot. Très simplement, elle appuya le doigt sur la plaie et, tenaillé par le remords, il pleura.

— Ah ! s’écria-t-elle, vous pleurez, Monseigneur, pour un péché bien moins grave que d’autres dont vous vous êtes également rendu coupable ; et ceux-là, vous n’y pensez même pas, tant votre conscience est aveuglée !

Et, brusquement, elle lui écartela l’âme et il en