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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/106

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de m’appeler vers eux. (Tout ceci est confidentiel et je loue ta prudence à y répondre, comme tu le fais.) À grands cris, ils conviennent que l’art est tombé en quenouille et que je suis celui et le seul qui peut le relever. Je ne crois pas cela, à la lettre : mes malheurs me rendent trop défiant et poinl glorieux de ce que je fais, cherchant toujours à mieux faire. Les éloges les plus flatteurs et les persécutions les plus iniques ne me font que mieux prendre garde à me corriger et à devenir toujours meilleur. Heureux si, dans cette circonstance, je puis dignement m’élever et, par mes efforts, prouver à mes compatriotes combien je désire me distinguer pour eux et leur laisser croire, par mes œuvres, combien sont fausses, stupides et férocement injustes, les vociférations d’un malheureux Landon, qui aurait pu surprendre ceux qui ne me connaissent pas assez et donner une fausse opinion de moi. Ce malheureux, qui ment par sa bouche, m’enfonce le poignard dans l’endroit le plus sensible.

M. Ramey m’a affectueusement écrit et a été fort gentil avec nous. Je l’ai chargé de me procurer les matériaux indispensables et j’en aurai contentement, par la manière dont je me suis arrangé. Je te remercie de tout ce que tu me dis de généreux sur les petits objets envoyés et, quoique je sois honteux de leur peu de valeur, la manière sentie dont tu les a analysés m’encourage et me fait voir que nos sensations sont absolument les mêmes dans la manière de tout envisager, et j’en suis tout joyeux.