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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/107

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Je n’ai ce plaisir qu’avec toi. Ici, rien. Notre ami fait toujours de très beaux ouvrages, mais il n’est pas communicatif. Il a une toute autre ambition que la mienne. Il se marie dans peu de jours et il a acheté une maison où il veut, dit-il, nous loger. Croyant ici faire mieux nos affaires, nous avons inconsidérément acheté des meubles. Il lui est, sois-en bien sur, impossible de ne pas toujours t’aimer avec tendresse, et je ne doute pas que tu ne sois bientôt content de lui, sous tous les rapports. Je ferai en sorte de mettre tes bons conseils à profit sur la manière de vivre avec les hommes, ce que je n’ai jamais su faire. Je les ai toujours mal connus jusqu’ici, et certes, le progrès que j’ai fait dans cette connaissance n’est pas en leur faveur. J’apprends tous les jours à mettre un peu de politique avec eux.

Cher ami, puissé-je être bientôt à même de profiter des soins que tu m’offres, pour les intérêts de ma fortune. Tes soins sages et empressés ont été bien sentis par nous et, quand nous le pourrons, nous serons trop heureux que tu veuilles t’en occuper. Mais cela n’a pas été encore possible. Le peu que j’avais, je te l’ai dit, a passé à nos dépenses extraordinaires d’ici ; et, si je n’avais pas quitté Rome, j’aurais pu les épargner, parce que j’étais casé et que j’avais encore une meilleure clientèle. Nous avons cru trop légèrement à qui nous promettait, comme on dit, plus de beurre que de pain, et nous sommes à recommencer. Nos dépenses ont été très fortes,