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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/308

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bien mérité, pour vous exprimer mon admiration pour une œuvre aussi complète, et ma joie d’avoir sous les yeux un tableau dont l’Ecole française s’enorgueillit à si juste titre.

Recevez, Monsieur, l’assurance de tous les sentiments avec lesquels je suis

Votre affectionné,
Ferdinand-Philippe d’Orléans,

À. M. Varcollier [1].
Rome, 31 août 1840.

Mon cher Varcollier, je serais trop privilégié si je pouvais, à quatre cents lieues de distance, vous montrer mon cœur tout à nu ; vous y verriez la vive et tendre amitié que j’ai toujours eue, pour vous et les vôtres. Croyez-le bien, malgré mes détestables négligences, rien ne pourra altérer cette véritable affection : elle date de trop loin, pour cela.

Combien je suis touché de ce que vous me dites de nos amis communs, de la flatteuse impatience où ils sont de mon retour, et de tout le bien qu’ils pensent de moi. Je fais ce que je peux, pour être digne de tant d’éloges ; mais mériterai-je jamais la trop haute place où vous me mettez ? Je ne dois accepter de tels hommages qu’à titre d’émulation, qu’avec le même sentiment qu’excite en moi la vue des chefs-d’œuvre devant lesquels je suis ici prosterné, cherchant à les imiter, mais, hélas ! de si loin ! Vous avez probablement vu mon petit tableau de Stratonice. Ce n’est pas à moi d’en rien dire, si ce n’est pourtant les soins infinis qu’il m’a coûtés. Il me serait bien doux, cher ami, d’apprendre qu’il a su vous plaire, ainsi qu’à ma chère élève et amie, M me Varcollier, que j’embrasse ici de tout mon cœur, en attendant que nous

  1. M. Varcollier était, à cette époque, chef de la section des Beaux-Arts à la Préfecture de la Seine.