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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/329

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reconnaître la danse et le napolitain. Duret, mal à l’aise, s’excusait déjà par la nécessité d’intéresser le public, de satisfaire aux exigences de vente, etc.

— Dans quelles conditions travaillez-vous ? fait tout-à-coup Ingres. Vivez-vous exclusivement de votre métier, ou auriez-vous quelqu’autre fond de ressources ?

Duret répond qu’il a toujours possédé un honnête patrimoine et qu’il se livre à sa seule vocation, indépendant des soucis matériels, avec environ une douzaine de mille francs de rentes.

— Monsieur ! s’écrie alors sévèrement le maître en quittant l’atelier, lorsqu’on fait de la sculpture avec douze mille francs de rentes, on ne met pas de caleçon à ses statues !


L’absolutisme de ses principes et de sa foi admettait peu la discussion. Lors du jugement de concours du grand prix de Rome, où avait pris part son meilleur élève, Hippolyte Flandrin, le résultat en sa faveur lui paraissait si indiscutable, qu’aux premières observations il fondit en larmes, comme une femme nerveuse. Et aucun juré n’osa passer outre.


Ingres, reçu par Hippolyte Flandrin devant ses admirables peintures de Saint Vincent de Paul représentant des théories de Saints, ne s’arrêtait point de crier à son grand élève : « Mais on dirait que vous les avez tous vus, ces gens-là ! Oui, vous les avez vus marchant ainsi vers le Paradis…, et vous y entrerez avez eux ! » Sur ce, il l’embrasse, l’étreint à bras-le-corps. Son chapeau tombe à terre ; il marche dessus. Paul Flandrin, frère cadet, le ramasse : tableau encore !


Hamon, venu de son village de Lannion, en Bretagne, et entré dans l’atelier de Delaroche, ne tarda pas à