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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/92

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du griffonnage, parce que c’est ma manière d’écrire à un ami avec lequel on a toute liberté, à celui qui pardonne toute gêne et qui souffre toute mauvaise orthographe, obscurité, galimatias même, sachant, mieux qu’un autre, y démêler les véritables sentiments.

Mais aussi, pourquoi es-tu si parfait dans tes lettres ? Style, peinture, tout y est ; et ce que je prise encore plus, c’est ta vive amitié et ton excellent cœur, ton bon esprit, ton tact et le touchant intérêt que tu me portes. Bien cher ami, le seul vraiment que je puisse nommer de ce nom, que bienheureux on est lorsqu’on peut s’en croire un ! Ta bonne amitié me console et m’aide à supporter mes continuelles disgrâces et déplaisirs. Tout ce que je puis t’en dire pour le moment, c’est que tu as eu bon nez de ne pas te déranger de chez toi. C’est vous en dire assez : le reste est inutile. Je te prie même, et bien expressément, de t’abstenir dans ta réponse d’aucune espèce de réflexion sur ce sujet, jusqu’à ce que tu sois instruit. Alors, tu m’adresseras tes réflexions, poste restante, et a mon seul nom.

Revenons à nos affaires. Quelques jours après que j’eusse expédié la lettre au Préfet, mes réflexions sur l’économie de la composition, des conseils et une plus mûre connaissance du Vœu de Louis XIII, m’ont définitivement décidé à l’adopter. Toi, tu sais ce que c’est que l’imagination d’un véritable artiste qui doit vingt fois sur le métier remettre ses pensées et qui, par