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Page:Ingres d’après une correspondance inédite, éd. d’Agen, 1909.djvu/96

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en réponse au titre de cet ouvrage par M. de Kératry qui me maltraite sans savoir. Ne va-t-il pas parler d’un ouvrage dont il confond même le sujet, je veux dire mon tableau de Roger et Angélique, qu’il appelle stupidement et infidèlement Persée et Andromède. Voilà comment on est critiqué !

Mais je n’ai que le temps de t’embrasser. Ma femme est bien sensible à ton bon souvenir, et Bartolini te fait ses amitiés.

VIII
Florence, 29 août 1822.

Mon cher ami, plus de Paris, plus de Salon ! Je suis extrêmement désappointe en cela et, au désespoir d’avoir manqué battre le fer chaud, reculé de deux ans. Et tout cela pour avoir cédé à des complaisances, pour vaquer à de petits ouvrages, détails qui ont pris tout mon temps le mieux choisi, le plus à propos et le plus essentiel à mon talent, à mes intérêts, à ma réputation.

Je me suis toujours reconnu un malin génie, qui a présidé à mes infortunes. Rien, jamais, ne m’a réussi, avec tout ce qu’il faut pour réussir peut-être. J’ai peur de compromettre tes soins généreux, car je désespère de mon sort. L’avenir commence à m’effrayer et mon découragement est presque total. Ah ! combien je sens que ta présence ici me rendrait la vie heureuse ! J’y pourrais compter sur un autre moi-même ! Car, pour notre ami de jadis, je le vois, en un mot, une fois tous