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Page:Instruction adressée aux autorités constituées des Départemens de Rhône et de Loire.djvu/7

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Enfin, pour comble d’infamie, ils ont vu le mépris de ces superbes, poursuivre le pauvre dans sa chaumière ; ils ont vu ces monstres, au lieu de s’attendrir sur des maux que leur luxe seul avoit causés, les aggraver par leurs dédains, se croire déshonorés, s’ils étoient approchés par le malheur, et s’indigner, s’ils avoient respiré le même air que le pauvre.

Dans ce renversement universel de principes, dans cette dégradation de l’humanité, dans cette humiliation de la vertu, il falloit un changement, une révolution totale ; car on ne peut point tergiverser avec les principes. Laisser en France un seul abus fondamental, c’eût été inviter tous les autres à renaître : c’est l’hîdre dont il faut abattre toutes les têtes, sous peine de les voir toutes se reproduire ; c’est le tronc d’un arbre empoisonné, qui, en reprenant son ombrage, seme de nouveau, autour de lui, des germes de mort qui en donneront d’autres à leur tour.

L’aristocratie bourgeoise, si elle eût vécu, eût produit bientôt l’aristocratie financiere : celle-ci eût engendré l’aristocratie nobiliaire ; car l’homme riche ne tarde pas à se regarder comme étant d’une pâte différente des autres hommes : d’usurpation en usurpation, on en seroit venu au point, que l’on eût regardé comme nécessaire de les consacrer par quelques institutions nouvelles ; voilà le clergé et ses dogmes ressuscités : ce n’est pas tout. Un autel placé isolément dans une République, peut éprouver un choc et être renversé sur lui-même. On lui auroit donné un trône pour l’appuyer, pour s’étayer réciproquement, et nous voilà à la royauté ; c’est, là la marche inévitable ; ainsi