Aller au contenu

Page:Instruction adressée aux autorités constituées des Départemens de Rhône et de Loire.djvu/8

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 8 )

d’abîme en abîme, on eût ramené la France sous le joug exécrable qu’elle venoit de secouer ; et ne doutez pas, Citoyens, que les monstres né l’eussent encore appesanti ; qu’ils n’eûssent aggravé le poids de vos tors, pour vous empêcher de les soulever. Ils vous auroient punis de vos antiques élans vers la liberté. Les roues, les cachots, les corvées, les main-mortes, les dîmes, les tailles, voilà la perspective, voilà le couronnement d’une Révolution incomplette.

Tels sont les maux dont vous ont sauvés ceux qui ont fondé la République : la reconnoissance que vous leur devez, vous impose de grandes obligations : elles sont douces à remplir : faites votre bonheur ; ils auront la seule récompense qu’ils attendent.

Républicains, pour être dignes de ce nom, commencez par sentir votre dignité, relevez avec fierté votre tête, et qu’on lise dans vos regards que vous comprenez enfin qui vous êtes, et ce qu’est la République ; car ne vous y trompez pas, pour être vraiment Républicain, il faut que chaque citoyen éprouve et opere en lui-même une révolution égale à celle qui a changé la face de la France ; il n’y a rien, non absolument rien de commun entre l’esclave d’un tyran et l’habitant d’un état libre ; les habitudes de celui-ci, ses principes, ses sentimens, ses actions, tout doit être nouveau ; vous étiez opprimés, il faut que vous écrasiez vos oppresseurs. Vous etiez esclaves de la superstition ; vous ne devez plus avoir d’autre culte que celui de la liberté ; d’autre morale que celle de la nature. Vous étiez étrangers aux fonctions militaires ; tous les Français désormais sont soldats.