Aller au contenu

Page:Instruction adressée aux autorités constituées des Départemens de Rhône et de Loire.djvu/9

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 9 )

Vous viviez dans l’ignorance ; pour assurer la conquête de vos droits, il faut vous instruire ; vous ne connoissiez pas de patrie, jamais sa douce voix n’avoit retenti dans vos cœurs ; aujourd’hui vous ne devez plus connoître qu’elle ; vous devez la voir, l’entendre et l’adorer dans tout ; le magistrat ne veille, le laboureur n’ensemence, le soldat ne combat, le Citoyen ne respire que pour elle : son image sacrée se mêle à toutes ses actions, ajoute à ses plaisirs, le paye de ses peines. — Vive la République, vive le Peuple, voilà son cri de raliement, l’expression de sa joie, le dédommagement de ses douleurs ; tout homme à qui cet enthousiasme seroit étranger, qui connoît d’autres plaisirs, d’autres soins que le bonheur du peuple ; tout homme qui ouvre son ame aux froides spéculations de l’intérêt ; tout homme qui calcule ce que lui vaut une terre, une place, un talent, et qui peut un instant séparer cette idée de celle de l’utilité générale ; tout homme qui ne sent pas son sang bouillonner au seul nom de tyrannie, d’esclavage, d’opulence ; tout homme qui a des larmes à donner aux ennemis du peuple, qui ne réserve pas toute sa sensibilité pour les victimes du despotisme, et pour les martyrs de la liberté, tous les hommes ainsi faits et qui osent se dire Républicains, ont menti à la nature et à leur cœur ; qu’ils fuyent le sol de la liberté ; ils ne tarderont pas d’être reconnus et de l’arroser, de leur sang impur. La République ne veut plus dans son sein que des hommes libres ; elle est déterminée à exterminer tous les autres, et à ne reconnoître pour ses enfants que ceux qui ne sauront vivre, combattre et mourir que pour elle.