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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/333

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LE LIT DE DIAMANTS.

Une tête blême, livide, aux traits immobiles, aux paupières closes, émerge des draps. François de l’Étoile repose là sans un mouvement. On croirait que la vie l’a abandonné, si la respiration lente ne bruissait entre ses lèvres entr’ouvertes.

Au pied du lit sont rassemblés tous les passagers de l’aéroplane : Joé, Ketty, et Vaniski, avec, blotties contre lui, ses chères petites Mika et Ilka ; enfin, le mécanicien Klausse.

En arrière se tient Suzan, image du désespoir. Depuis qu’elle a été séparée de son compagnon Tril, des imaginations douloureuses la hantent.

En vain, Joé a essayé de la réconforter :

— Tril est un gaillard. Il a des banknotes. Il voyagera en chemin de fer au lieu de faire de l’aviation, voilà tout !

Il a eu beau ressasser cette idée sous toutes les formes ; en vain, Ketty, désolée de voir la tristesse s’abattre sur les êtres de bonté qui l’ont arrachée à la misère, a joint sa voix timide à celle du gamin ; Suzan a obstinément murmuré :

— Merci, merci à vous. Vous êtes bons. Mais Tril est mon cœur. Il est loin. Je n’ai plus mon cœur !

Elle ne sort de son mutisme découragé que pour agiter la question de savoir si François doit vivre ou mourir.

En arrivant à Weeneborg, tandis que Danerik bouleversé attelait sa carriole et allait chercher le médecin habitant à plusieurs lieues, Suzan s’était rendue au télégraphe. Par une dépêche concise mais claire, elle avait câblé à Washington, à ce Jud Allan qu’elle et Tril appelaient leur « roi », le terrible incident qui interrompait la lutte géante entreprise par l’honnête homme déshonoré.

Ce devoir accompli, elle s’était installée au chevet du blessé.

Or, ce jour-là, le docteur revenait pour la troisième fois. M. Malkholm, tel était son nom, considérait d’un œil attendri le mâle et beau visage de François, et sa main interrogeait le pouls du malade. Un silence religieux régnait dans la salle. M. Malkholm s’était montré peu rassurant lors de ses premiers examens.

— Le projectile, avait-il dit, a traversé la poitrine ; le poumon ne me semble pas atteint ; mais n’est-il pas déchiré, griffé ? Une hémorragie soudaine est-elle à redouter ?

Qu’allait-il dire aujourd’hui ! Il releva la tête, regarda les figures anxieuses des assistants, et lentement, il murmura :

— Espérez.