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LE LIT DE DIAMANTS.

— Je vois la dépêche, disait Brumsen.

Le jeune Américain se mordit les lèvres pour ne pas crier sa surprise.

Avant qu’il eût pu s’extasier sur la coïncidence heureuse, la directrice de la fonda, une femme basanée qui, quelques dix ans plus tôt, avait certainement été belle, se précipitait à la fenêtre agitant le papier extrait de la case.

— Señor, Señor, ceci à votre adresse.

— Gracias, riposta agréablement l’aventurier, employant la formule espagnole de remerciement.

Une seconde, Tril fut sur le point de s’enfuir. Si la communication n’était pas de Von Karch. Mais décidément il jouait de bonheur. Brumsen s’écria joyeusement :

— Je comprends tout ; le patron a envoyé quelqu’un à Mérida parce qu’il ne viendra pas. Il m’attendra ce soir, à neuf heures, à bord du Fraulein. Oui, oui, il a lu ma lettre, et la nuit est une amie sûre.

Puis aimablement :

— Maintenant, mon jeune ami, que je ne vous retienne pas davantage ; gagnons vivement la Posada del Cenote Blanco. Après la dépêche, le cheval ; tous les moyens de correspondre vivement ! Ah ! l’on peut dire que Herr Von Karch est un habile homme. Il se sert de tout.

Cette fois, le jeune Américain se mit en marche, aux côtés de l’aventurier, avec beaucoup plus de plaisir que tout à l’heure. Dix minutes leur suffirent pour atteindre la posada.

C’était une cahute d’aspect misérable, occupant l’un des côtés d’une cour au sol battu qu’encadraient des hangars en retour, figurant les « écuries et remises ».

Une jeune servante Maya se précipita à la rencontre des nouveaux venus. Sans doute, Tril s’était montré généreux quand il avait mis son cheval à l’écurie, à son arrivée à Mérida, car la jolie fille s’empressa auprès de lui, s’enquérant avec les inflexions caressantes que les Yucatèques ont introduit dans l’espagnol, des désirs du señor. Le señor voudrait-il se rafraîchir avec le caballero, son ami ?

Aux questions du jeune garçon, elle répondit qu’un señor était venu au nom du señor, qu’il avait enfourché le cheval du señor, et s’était éloigné au galop. Qu’elle, Petruja, c’était son nom, n’avait fait aucune difficulté pour lui confier l’animal, vu que la bonne mine du señor démontrait bien qu’il ne pouvait être un aventurier avide de s’approprier le bien d’autrui.

La gentille Petruja parlait comme un moulin. Elle appartenait à cette classe de bavardes qui, une fois lancées, ne peuvent plus s’arrêter, chaque