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Page:Ivoi - L’Aéroplane fantôme.djvu/375

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LE LIT DE DIAMANTS.

— Servez-nous dans la salle où je me suis reposé ce matin. Il y règne une fraîcheur délicieuse ; cela nous délassera avant de nous lancer dans la fournaise. Car le soleil brille autant que vos beaux yeux !

Comment le pulque aux oranges ne serait-il pas exquis pour un voyageur aussi aimable ! La jeune fille se mit en quatre, bouleversa toute la posada et arriva après cinq minutes de gestes excessifs, de paroles précipitées, aussi inutiles les uns que les autres, à installer ses « clients » dans une salle basse, dont la fenêtre, garnie d’un grillage métallique, donnait sur un étroit boyau à ciel ouvert, ménagé entre la posada proprement dite et le côté de l’une des écuries.

Quelques minutes encore, et elle posait sur la table dont chacun des consommateurs occupait un côté, une alcaraza de terre poreuse, où moussait le pulque battu avec le jus d’oranges.

Toujours galant, Tril reconduisît la gentille Petruja jusqu’à la porte, semblant lui chuchoter les plus doux compliments. En réalité, il murmurait :

— Dix piastres pour vous, ma belle, si personne ne vient nous déranger.

— Les dix piastres sont gagnées alors, fit-elle sur le même ton.

— Ah ! vous êtes la finesse même, votre fiancé est un heureux coquin, Petruja.

Elle lui lança un coup d’œil moqueur.

— Heureux, señor, je le dirai avec vous ; mais ma bouche se refuse à l’appeler coquin.

Et riant aux éclats, la pétulante créature se glissa dehors, refermant la porte avec un soin qui prouva au gamin que l’espoir de gagner dix piastres lui assurait le concours dévoué de la jeune fille.

Il revint à la table et s’assit. Il avait adroitement choisi la place située entre la fenêtre et son compagnon. Celui-ci versait déjà la boisson parfumée à l’orange dans les gobelets de bois, qui tiennent lieu de verres dans les posadas yucatèques.

— À votre santé, mon jeune ami…

Il parut chercher, puis d’un ton cordial :

— À propos, je ne sais pas votre nom ; vous pouvez m’appeler Brumsen, mais moi, comment vous appellerai-je ?

Le gamin avait glissé la main à sa poche, il l’appuya au bord de la table. Ses doigts tenaient un objet noirâtre, ayant une vague apparence de boîte aplatie recouverte de cuir, mais que la paume de Tril cachait en partie.

— Vous souhaitez me donner un nom ?